Monsieur M. obtient en mai 2006 un permis de construire. Il entreprend alors des travaux de construction sur sa parcelle à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Pour pouvoir faire certains travaux de démolition, Monsieur M. fait installer une grue en contrebas du jardin de la piscine d’une luxueuse villa appartenant à la société Liberty X dont l’objet est de louer ladite villa.
Le 26 mars 2008, la Mairie de Saint-Jean-Cap-Ferrat ordonne l’interruption immédiate des travaux. Cependant, Monsieur M. a maintenu la grue en place jusqu’au 16 juin 2011.
La société Liberty X qui, du fait de la présence de la grue n’a pu louer sa villa, fait assigner, le 21 juin 2010, Monsieur M. devant le Tribunal de Grande Instance de Nice. La société Liberty X demande la condamnation de Monsieur M. à lui payer la somme de 363100 euros au titre de son préjudice financier de location, la somme de 30000 euros au titre du préjudice moral et 5000 euros au titre de frais d’avocat.
Le Tribunal de Grande Instance de Nice, par jugement du 2 juillet 2012 condamne Monsieur M. au paiement de la somme de 148900 euros en principal au titre de la perte de chance au cours des années 2009 à 2011 de louer la villa.
Monsieur M relève appel de la décision. La Cour rappelle d’abord que la présence d’une grue de chantier ne constitue pas en soi un trouble anormal dès lors que le chantier était maîtrisé et mené à bonne fin dans un délai raisonnable. La Cour retient en revanche l’existence du trouble anormal de voisinage compte tenu de la durée de présence de la grue, soit au moins cinq ans :
« En revanche, et dès lors que cette grue est toujours positionnée à ce jour sur une période d’au moins cinq ans, la permanence pendant une telle durée d’un obstacle visuel s’interposant entre la terrasse de la villa Liberty X et le panorama dont elle jouissait constitue incontestablement un trouble anormal de par sa durée, qui n’est à relativiser que par le droit à construire du voisin en utilisant une grue de chantier pendant un délai raisonnable, et par le démontage partiel de la grue en juin 2011. »
Monsieur M. a été condamné au paiement de la somme de 125000 euros.
(CA Aix-en-Provence, 4e ch., sect. A, 31 oct. 2013 n° 2013-465: JursiData n°2013-025600)
Le diable est ici dans la durée. Oui, vous pouvez installer une grue de chantier pour faire construire ou pour faire démolir sans pour autant que cela constitue un trouble anormal de voisinage. La durée de la présence sur le chantier de la grue doit être en rapport avec la durée raisonnable de vos travaux. A défaut, cela peut vous coûter…125000 euros.
Dédji KOUNDE
Avocat au Barreau de Toulouse
Le 26 mars 2008, la Mairie de Saint-Jean-Cap-Ferrat ordonne l’interruption immédiate des travaux. Cependant, Monsieur M. a maintenu la grue en place jusqu’au 16 juin 2011.
La société Liberty X qui, du fait de la présence de la grue n’a pu louer sa villa, fait assigner, le 21 juin 2010, Monsieur M. devant le Tribunal de Grande Instance de Nice. La société Liberty X demande la condamnation de Monsieur M. à lui payer la somme de 363100 euros au titre de son préjudice financier de location, la somme de 30000 euros au titre du préjudice moral et 5000 euros au titre de frais d’avocat.
Le Tribunal de Grande Instance de Nice, par jugement du 2 juillet 2012 condamne Monsieur M. au paiement de la somme de 148900 euros en principal au titre de la perte de chance au cours des années 2009 à 2011 de louer la villa.
Monsieur M relève appel de la décision. La Cour rappelle d’abord que la présence d’une grue de chantier ne constitue pas en soi un trouble anormal dès lors que le chantier était maîtrisé et mené à bonne fin dans un délai raisonnable. La Cour retient en revanche l’existence du trouble anormal de voisinage compte tenu de la durée de présence de la grue, soit au moins cinq ans :
« En revanche, et dès lors que cette grue est toujours positionnée à ce jour sur une période d’au moins cinq ans, la permanence pendant une telle durée d’un obstacle visuel s’interposant entre la terrasse de la villa Liberty X et le panorama dont elle jouissait constitue incontestablement un trouble anormal de par sa durée, qui n’est à relativiser que par le droit à construire du voisin en utilisant une grue de chantier pendant un délai raisonnable, et par le démontage partiel de la grue en juin 2011. »
Monsieur M. a été condamné au paiement de la somme de 125000 euros.
(CA Aix-en-Provence, 4e ch., sect. A, 31 oct. 2013 n° 2013-465: JursiData n°2013-025600)
Le diable est ici dans la durée. Oui, vous pouvez installer une grue de chantier pour faire construire ou pour faire démolir sans pour autant que cela constitue un trouble anormal de voisinage. La durée de la présence sur le chantier de la grue doit être en rapport avec la durée raisonnable de vos travaux. A défaut, cela peut vous coûter…125000 euros.
Dédji KOUNDE
Avocat au Barreau de Toulouse